Pourquoi les passes sont-elles vitales ?

Tour à tour attirantes et inquiétantes, les passes ont une influence, réelle ou ressentie comme telle, sur la plupart des activités maritimes du Bassin.

Les passes d'Arcachon figurent parmi les entrées les plus redoutées des côtes de France. Le nombre moyen de jours où la passe est impraticable s'élève à environ 50 par an mais varie fortement selon les années. La difficulté, ou l'impossibilité, d'entrer dans le Bassin contraint parfois les navires de pêche à débarquer leurs prises dans d'autres ports, français ou espagnols. Outre le problème humain, se pose celui du dynamisme économique et de la rentabilité des investissements du port et de la criée d'Arcachon.

Elles sont en constant remaniement sous l'action d'une part des tempêtes et d'autre part d'une évolution cyclique lente modifiant le nombre de chenaux navigables et leur position géographique. C'est par les passes que les eaux océaniques entrent dans le Bassin sous l'action des courants de marée ; les échanges hydrauliques, la qualité de l'eau et les espèces animales et végétales leurs sont inféodées.

Selon les époques, le Bassin communique avec l'Océan par une double passe (l'une au Nord l'autre au Sud) ou une passe unique (Centre-Sud). La situation de passe unique, plus profonde et plutôt orientée perpendiculairement à la houle, semble de ce fait la plus favorable à la navigation. Si l'on se réfère aux cycles d'évolution des passes d'une durée moyenne de 80 ans depuis 1826, la situation actuelle de l'ensemble du système des passes permet de prévoir les évolutions suivantes :

  • Un recul de la côte Sud jusqu'à 2010-2020.
  • Puis un engraissement important de cette même côte en agrandissant les plages de la Pointe d'Arcachon autour d'une nouvelle lagune.
  • Une configuration de passe unique en position Centre-Sud, plus favorable à la navigation.
  • Sur le plan socio-économique, l'allongement du secteur des passes aura des effets non négligeables dans l'avenir :1. Augmentation du linéaire de côte exposée à l'érosion, mais aussi du potentiel balnéaire des plages, 2. Déplacement vers l'aval des cultures marines, 3. Menace sur l'ouvrage de rejet en mer de La Salie, 4. Augmentation du temps de transit des navires entre l'Océan et le port.

De tous temps les passes ont été et restent au centre des problèmes de gestion du Bassin parce que le Bassin est un espace maritime dont les relations avec l'Océan sont assurées par ce système complexe, mouvant et apparemment incontrôlable. Les passes conditionnent les caractéristiques hydrologiques, sédimentologiques et écologiques du plan d'eau et par là même commandent beaucoup d'aspects socio-économiques. S'il est peut-être possible d'améliorer momentanément leur navigabilité, il paraît totalement illusoire de vouloir les fixer durablement.