Outils d’aide à la Gestion Intégrée et à la Valorisation des Ecosystèmes conchylicoles de Basse-Normandie (2005-2013)

Le projet OGIVE a pour objectif général d’acquérir des connaissances sur le fonctionnement des écosystèmes conchylicoles de Basse-Normandie dans le but d’établir une plateforme de données commune à l’ensemble des partenaires du projet. Ces connaissances sont ensuite utilisées pour développer des outils permettant de fournir des avis et expertises aux gestionnaires du Domaine Public Maritime. Dans ce sens, le projet doit contribuer au développement durable de la filière conchylicole bas-normande en optimisant la production conchylicole et en préservant la qualité environnementale des écosystèmes qui supportent cette activité. Ainsi, les outils sont développés selon le cadre général de l’Approche Ecosystémique.

Parmi les questions auxquelles doit répondre le projet, on peut citer par exemple

  • Quelles biomasses en élevage les écosystèmes conchylicoles bas-normands peuvent-il supporter ?
  •  Comment déplacer ou réorganiser les concessions tout en assurant de bonnes conditions de croissance et de survie des mollusques en élevage et en minimisant les effets sur l’écosystème ?
  • Comment identifier de nouveaux sites d’implantation d’activités conchylicoles propices à la croissance et à la survie des mollusques ?

 

Les partenaires financiers du projet sont l’Union Européenne (via le Fonds Européen pour la Pêche), l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, le Conseil Régional de Basse-Normandie et les Conseils Généraux du Calvados et de la Manche. Les partenaires techniques sont le SMEL (Synergie Mer Et Littoral), le Comité Régional Conchylicole Normandie - Mer du Nord, les services de l’Etat (Directions des Territoires et de la Mer) ainsi que certains laboratoires thématiques de l’Ifremer.

La conchyliculture est une activité importante pour la région Basse-Normandie. L’ostréiculture (élevage des huîtres) et la mytiliculture (élevage des moules) sont présents sur 4 bassins de production : les côtes ouest et est du Cotentin dans la Manche, la baie des Veys et Meuvaines dans le Calvados. L’évaluation in situ des biomasses conduite par le LERN en 2006 dans le cadre du projet OGIVE a permis d’estimer à environ 61 000 tonnes la biomasse d’huîtres en élevage et 23 500 tonnes la biomasse de moules en élevage à cette période. Une nouvelle évaluation a été conduite au cours de l’année 2011 qui permettra de réactualiser ces résultats.

Débuté à la fin de l’année 2005, le projet a été structuré chronologiquement en 3 phases permettant d’avoir un développement progressif des différentes actions. La troisième et dernière phase a débuté en 2011 et elle s’achèvera (ainsi que le projet) à la fin de l’année 2013. Les outils mis en place concernent des développements sous Système d’Information Géographique ainsi que des modèles numériques couplant des processus physiques (hydrodynamisme) et biologiques (cycle des nutriments, croissance du phytoplancton, croissance et reproduction des mollusques d’élevage). En amont, l’acquisition de connaissances par la mise en place d’expérimentations ciblées permet à la fois d’améliorer la compréhension du fonctionnement des écosystèmes mais également d’alimenter les outils développés (couches d’information pour les SIG, calibration et validation des modèles). Ces expérimentations ont nécessité d’investir dans différents matériels spécifiques et d’acquérir les compétences nécessaires à leur utilisation. Le LERN est ainsi devenu autonome en matière de mesures bathymétriques pour des petits fonds (sondeur monofaisceau), courantologiques (courantomètre ADCP) et haute fréquence (sondes multiparamètres et poisson remorqué EasyFish).

 

Deux résultats marquants des deux premières phases

1) Mise à disposition des partenaires de couches d’information géoréférencée

Le projet OGIVE a permis au LERN d’acquérir des couches d’information spatialisée concernant différents paramètres (e.g. cartes des biomasses conchylicoles en élevage, biomasses chlorophylliennes, clichés aériens des zones d’estran, cartes bathymétriques…). L’ensemble de ces couches est aujourd’hui accessible (en visualisation et téléchargement) à l’ensemble des partenaires du projet par le biais d’un portail thématique dédié. Ce portail est hébergé sous le site Sextant qui constitue le serveur de données géoréférencées marines développé par l’Ifremer.

 

2) Modélisation 3D du fonctionnement de l’écosystème de la baie des Veys

Une configuration de modélisation couplant le modèle hydrodynamique MARS-3D, un modèle biogéochimique de type NPZD (Nutriment-Phytoplancton-Zooplancton-Détritus) et un modèle de croissance de l’huître creuse (écophysiologie basée sur la théorie des Budgets d’Energie Dynamique) a été développée pour le site de la baie des Veys. Cette chaîne de modèles a ensuite été utilisée pour tester différents scénarios qui ont été définis en concertation avec les partenaires du projet et notamment avec les professionnels de ce secteur. Les scénarios ont concerné deux grands volets : les apports par les bassins versants et l’activité conchylicole (densités d’élevage, effet de restructurations passées et futures, compétition entre espèces en élevage).
L’exemple ci-dessous illustre les résultats obtenus en réduisant de manière homogène de 20 % la biomasse d’huîtres en élevage dans la baie. La figure a montre l’influence de cette réduction sur la distribution spatiale de la concentration en chlorophylle a (i.e. indicateur du phytoplancton) : le gain en phytoplancton est visible au niveau de la zone d’élevage, sur le flanc est de la baie. La figure b montre l’influence de cette réduction sur la distribution spatiale de la croissance des huîtres : le gain est surtout visible dans la partie nord-est de la zone d’élevage.

A venir…

L’une des forces du projet OGIVE est de pouvoir modifier sa programmation en prenant en compte de nouvelles questions qui pourraient émaner des partenaires du projet. Ainsi, le Comité Régional Conchylicole Normandie – Mer du Nord a alerté le LERN dès 2010 sur les difficultés que connaissait l’activité mytilicole sur la côte ouest du Cotentin. Ces difficultés concernent une diminution de la croissance des moules élevées ainsi qu’une détérioration de leur qualité et l’hypothèse avancée est celle d’un dépassement de la capacité de support trophique du secteur. Depuis 2011, le LERN a donc programmé de nouvelles actions qui visent à confirmer ou infirmer cette hypothèse. A l’image de la baie des Veys, une configuration de modélisation va être développée sur les plus importants secteurs mytilicoles de l’ouest Cotentin en 2012 et 2013. Ces travaux vont parallèlement nécessiter l’acquisition de données spécifiques à cette activité et ces zones.