DISCCO : Detection des risques de contamination des coquilles Saint-Jacques en Baie de Seine

Contexte

Trois crises majeures ASP (Amnesic Shellfish Poisoning), toxicité liée à l’acide domoïque produit par Pseudo-nitzschia spp., ont eu lieu en Baie de Seine (i.e. 2004, 2011 et 2012), entraînant la fermeture partielle de la pêche de coquille Saint Jacques pendant plusieurs mois. Bien que les conséquences socio-économiques de ces développements toxiques soient importantes, nos connaissances relatives aux facteurs environnementaux favorisant l’apparition, la croissance et la toxicité de Pseudo-nitzschia sp. en Baie de Seine, sont encore limitées.  C’est dans ce contexte que le projet TAPAS  a vu le jour. L’objectif principal de ce projet était d'améliorer nos connaissances sur la phénologie et le déterminisme des efflorescences toxiques sur ce secteur et d'identifier des facteurs susceptibles de contrôler ces événements, i.e. “indicateurs de toxicité potentiels” afin in fine d'améliorer notre réactivité en cas de nouvelle crise.  Les données acquises dans le cadre de ce projet ont apporté de nouveaux éléments nécessaires à la compréhension des efflorescences toxiques de Pseudo-nitzschia en Baie de Seine (Thorel et al., 2017 ; Schapira et al., soumis). Par ailleurs, le suivi de l’acide domoïque dans l’eau au cours de l’année 2012 a mis en évidence les avancées essentielles que pourrait apporter un suivi régulier de ce paramètre en Baie de Seine, tant sur le plan sanitaire que sur le plan scientifique. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet DISCCO.
 

Objectifs

  • Mettre en place une méthode analytique de dosage de l’acide domoïque et évaluer la faisabilité de ces mesures en routine
  • Étudier la variabilité spatiale et temporelle de l’acide domoïque à l’échelle saisonnière et à l’échelle interannuelle
  • Mettre en relation cette variabilité avec celle des efflorescences de Pseudonitzschia (abondance et composition) et des contaminations de coquillage

Stratégie

Les prélèvements d'eau, de coquillages ainsi que des mesures physicochimiques sont effectués lors des sorties réalisées dans le cadre des projets RHLN et REPHY sur les points Antifer, Cabourg, Géfosse, Réville, Meuvaines et Donville.

Différentes analyses sont effectues au retour au laboratoire :

  • Sels nutritifs : ammonium, nitrate+nitrite, phosphate et silicate
  • Mesure de la turbidité
  • Estimation de la biomasse phytoplanctonique
  • Identification et dénombrement du phytoplancton
  • Identification et dénombrement des cellules de Pseudo-nitzschia spp
  • Dosage de l'acide domoïque dans l'eau : phase particulaire et phase dissoute
  • Dosage de l'acide domoïque dans la chair de bivalves

Images (microscopie optique) des différents groupes ou complexes de Pseudo-nitzschia observés et identifiés au cours du projet

  • Complexe P. seriata - Groupe des « larges »

Complexe P. delicatissima - Groupe des « fines »

  • Complexe americana

  • Complexe P. delicatissima - Groupe des « fines sigmoïdes »

Résultats

Les résultats obtenus au cours de ce projet mettent donc en évidence un lien entre les concentrations en ADp dans l’eau et la contamination des coquillages. Cependant si cette relation a pu être clairement établie pour les Coquilles Saint Jacques, elle beaucoup moins claire pour les bivalves sentinelles de la zone intertidale. De nouvelles études sont nécessaires pour comprendre les causes de cette disparité. Le suivi des concentrations en ADp dans l’eau apparaît donc comme un bon indicateur de risque potentiel de contamination des gisements de Coquilles Saint Jacques en Baie de Seine. Ces premiers résultats suggèrent que pour des concentrations en ADp < 100 ng l-1 au cours de la période estivale, les risques de déclenchement d’un épisode ASP majeur en baie de Seine seraient limités. Par ailleurs, les observations réalisées au cours de ce projet DISCCO soulignent la nécessité d’améliorer nos connaissances sur les flux d’acide domoïque entre les différents compartiments (colonne d’eau – organismes – sédiment) et entre les différentes phases (particulaire – dissoute) suite à une efflorescence toxique de Pseudo-nitzschia.  Améliorer notre compréhension du devenir de l’acide domoïque dans le milieu est la première étape pour la compréhension des conséquences de ces efflorescences toxiques sur les écosystèmes. En particulier, si aucune crise aiguë n’a été observée au cours du projet, les résultats obtenus ont mis en exergue la question de l’impact des contaminations chronique à faible dose par l’acide domoïque particulaire et/ou dissout, sur le fonctionnement et la structure des écosystèmes.