Installation de systèmes d’Eddy Covariance atmosphérique, unité pilote en Baie de l’Aiguillon et dans le Marais poitevin, janvier 2023

Le projet La Rochelle Territoire Zéro Carbone (LRTZC) est un projet porté par la Communauté d’Agglomération, la Ville et l’Université de La Rochelle avec un grand nombre de partenaires (Ifremer, Unima, INRAe, LPO, etc.) qui vise à réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère en assurant leur suivi en vue d’arriver à la neutralité carbone d’ici 2040. Au sein de ce projet d’envergure, différents axes y sont développés et notamment l’axe Carbone bleu et préservation du littoral et des marais. L’ambition de ce dernier est de s’appuyer sur notre écosystème littoral et marais et ses composantes (habitats, biodiversité…) pour maximiser le piégeage de carbone sur le territoire via deux types d’approches :

  1. la préservation, gestion et optimisation du littoral et des marais soumis à de nombreuses pressions (dégradation, submersion marine, érosion des côtes, etc.),
  2. le développement de pièges artificiels à carbone en ville : production et valorisation des algues.

Parmi les quatre actions développées dans cet axe, une action co-portée par Ifremer/LIENSs-LRU (1) porte plus particulièrement sur l’évaluation et le suivi de la captation du carbone par le littoral et les marais le long du continuum océan-vasières intertidales-marais rétro-littoraux. Il est alors question de réaliser dans cette action des mesures à grande échelle des bilans carbone des différentes interfaces d’échange terrestre-aquatique-atmosphérique au sein de ces écosystèmes hétérogènes et très dynamiques de l’Agglomération de La Rochelle. A partir de ce bilan, il sera possible d’agir au niveau des autres actions de cet axe du point de vue par exemple de la modélisation et de l’optimisation des processus liés au piégeage de carbone. Les différents acteurs du territoire seront ainsi au mieux accompagnés en développant des outils d’aide à la décision en vue de futures stratégies d’aménagement et de valorisation du littoral.

Dans ce cadre, le LER-PC a déployé courant janvier 2023 deux stations d’Eddy Covariance atmosphérique (EC) permettant la mesure en continu des échanges de CO2 avec l’atmosphère à l’échelle des zones humides (vasières intertidales et marais rétro-littoraux) et des bassins versants terrestres (cultures, prairies, etc.) représentatifs de la CDA.  L’EC atmosphérique est une technique micrométéorologique largement utilisée dans les écosystèmes terrestres, et qui est appropriée dans la mesure des flux de CO2 dans des systèmes aquatiques hétérogènes et variables comme les systèmes littoraux de type marais salés, lagunes intertidales. Deux systèmes d’EC sont donc aujourd’hui en place et en simultané le long de l’unité pilote terre-mer choisie, (1) à la limite vasière / pré-salé au Sud de la Baie de l’Aiguillon (EC_LRTZC_AVAL) et (2) au niveau d’un sous bassin versant associé d’intérêt (rotation de cultures blé ou maïs, …) représentatif de la CDA de La Rochelle à proximité de la Ville de Marans au sein du Marais poitevin (EC_LRTZC_AMONT).

Des mesures par EC ont pu être réalisées au niveau d’ autres pré-salé et baies intertidales en France mais les déploiements réalisés dans le cadre de l’Axe Carbone bleu sur différents sites côtiers et terrestres en simultané le long d’un continuum terre-mer-Homme est donc une première à ces échelles spatiale et temporelle permettant une évaluation intégrée des fonctions puits/source de carbone des compartiments terrestre (carbone vert) et aquatique (carbone bleu). D’autres mesures in situ accompagnant cette caractérisation des échanges de CO2 atmosphérique à grande échelle sont prévues aux différentes saisons cette année aux deux sites. Ces différentes approches in situ, en laboratoire et de modélisation permettront d’appréhender au mieux les processus et flux de carbone aux différentes interfaces d’échange afin d’établir le premier budget de carbone du littoral et des marais au sein de l’ensemble des écosystèmes connectés représentatifs du territoire.

Les deux stations seront en place durant une année minimum et suivies très régulièrement (tous les quinze jours) afin de vérifier, calibrer, nettoyer les capteurs et télécharger les données mesurées à haute fréquence (concentrations de CO2 dans l’air, vitesses, directions du vent, températures de l’air et du sol, pression atmosphérique, pluviométrie, rayonnement solaire PAR, hauteurs d’eau, etc.) permettant in fine de calculer les échanges de CO2 atmosphérique en continu toutes les dix minutes.

Ci-dessous, deux diaporamas illustrant ces mises en place sur les deux sites par Ifremer.

Un grand merci aux collègues LER-PC et de la station Ifremer de La Tremblade pour le développement de la plate-forme, la logistique, la préparation des deux stations de mesures et aux actions de terrain, au centre Ifremer Atlantique Nantes, à LRU (LIENSs), à la RNN Baie de l’Aiguillon, à l’Unima, la DDTM17 ainsi qu’à Mr. Brizard (mytiliculteur à la pointe Saint Clément) pour la mise en place des pieux de bouchots supportant la plateforme de mesures à Aiguillon (EC_AVAL) et Mr. Guignard, exploitant agricole chez qui nous avons pu installer le système de mesures (EC_AMONT) sur ses parcelles cultivées du Marais poitevin.