Dispersion LarvairE de Mytilus Edulis en baie de Seine

La Basse-Normandie est dotée de gisements mouliers en eau profonde, situés au large de la côte Est du Cotentin et exploités par une flottille de 30 à 40 chalutiers, représentant une population de 100 à 250 marins selon les années. Le plus étendu est celui de Barfleur. Des gisements découvrants, plus petits, sont également disséminés le long des côtes du Calvados.

Le cycle biologique de la moule, Mytilus edulis, possède une phase larvaire au cours de laquelle les larves sont transportées par les courants. Il est possible de formuler l’hypothèse que le naissain qui se fixe sur un gisement peut être issu de larves émises sur des gisements plus ou moins éloignés.

Le principal objectif du travail est de comprendre le fonctionnement des gisements mouliers de l’Est Cotentin et de la baie de Seine, et de déterminer s’il existe une inter-connectivité entre ces gisements.

 « D’où viennent les larves qui colonisent les gisements en eau profonde de l’Est Cotentin ? »

Est la question à laquelle il est prévu d’apporter une réponse par des travaux de modélisation qui seront validés au moyen de mesures effectuées sur le terrain. Cette question récurrente intéresse particulièrement les professionnels concernés par l’exploitation des gisements en eau profonde.

Par ailleurs, apporter des éléments de réponse sur la forte variabilité interannuelle observée sur ces gisements, et en particulier sur le gisement de Barfleur, offrirait des connaissances complémentaires sur le fonctionnement de ces gisements.

Outils utilisés : Modélisation de la dispersion larvaire

Le modèle MARS3D sera utilisé dans le cadre de cette étude. Pour ce faire, une emprise 3D couvrant l’intégralité du littoral bas-normand avec une résolution horizontale de 200m va être mise en place, calibrée et validée. La colonne d’eau y sera discrétisée en 10 niveaux sigma.

ICHTHYOP, un outil de transport lagrangien, sera utilisé pour simuler la dérive larvaire en s’appuyant sur les sorties du modèle MARS3D. Cet outil inclut la prise en compte de plusieurs paramètres biologiques spécifiques tels que le taux de croissance, de mortalité ou le comportement natatoire. Des tests de sensibilité du modèle à ces paramètres biologiques seront effectués afin d’aboutir, à l’aide des caractéristiques larvaires, à une paramétrisation spécifique à la larve de moule.

Enfin, pour s’assurer de la pertinence des simulations qui seront réalisées, des bouées dérivantes à ancres flottantes seront également lâchées le long de la côte du Calvados au cours du projet. Ces bouées communiqueront leurs positions par Iridium à une fréquence de 10 min et permettront ainsi de mieux appréhender la circulation des masses d’eau de la Baie de Seine.

Enjeux du projet

L’acquisition de connaissances sur le fonctionnement des gisements mouliers de Basse-Normandie, et en particulier de l’Est Cotentin, devrait permettre d’améliorer la gestion de l’exploitation d’une ressource importante régionalement. Une gestion globale de l’ensemble des gisements du Calvados et de l’Est Cotentin pourrait être envisagée.
L’enjeu majeur de la gestion de la ressource en moules de pêche est le maintien d’une activité de pêche professionnelle régulière au fil des années, avec des saisons de pêche suffisamment longues, permettant ainsi une réduction de l’effort de pêche sur d’autres ressources marines qui sont, pour certaines d’entre elles, déjà fortement exploitées.
Le travail prévu pour répondre aux questions posées repose en grande partie sur des travaux de modélisation hydrodynamique permettant d’estimer les trajectoires des larves de moules. Préalablement à ces travaux, il sera nécessaire de préciser les paramètres biologiques à intégrer dans les modèles de déplacements larvaires.